Mars 2024

Les âmes noires

Dupuis

Mars 2024

Au cœur de la Chine, de vastes mines de charbon à ciel ouvert défigurent le paysage. Tantôt étatiques tantôt illégales, elles arrachent la précieuse roche et ouvrent alors un juteux marché. Yuan est un routier chinois qui achète par lot des cargaisons de charbon et sillonnent les routes dans ce paysage de désolation pour les revendre à un bon prix. Il nourrit sa famille avec ce business. Wei un ami à lui l’aide à trouver des clients et à négocier le prix à la hausse. Mais ce taff est aléatoire et risqué, les bénéfices fluctuent et le danger rôde. Alors un jour, les évènements se précipitent et mettent notre « flingueur » en fâcheuse posture. Le dessin de Druart rugueux, aigu, au cordeau sert à merveille ce polar nerveux et rêche. La misère et la survie poussent l’humanité au bord du gouffre. Ducoudray écrit un roman charbonneux aux accents steinbeckiens qui prend aux tripes.

Barcelona âme noire

Dupuis

Mars 2024

Le jeune Carlitos a eu une enfance chaotique marquée par les turpitudes de la guerre et le sceau de l’assassinat. Enfant, sa mère a été tuée presque sous ses yeux. Plus tard, il se bouge pour s’en sortir et s’extraire de la précarité. Il part alors en France pour travailler et à force de ténacité et de charme il établit un réseau de marché noir pour l’épicerie de son père. Son destin prend alors de l’ampleur, et ses aventures sous la dictature de Franco deviennent rocambolesques et romanesques. Le petit Carlitos devient le puissant Don Carlos d’abord industriel au nez fin puis mafieux implacable. Nos trois auteurs espagnols nous content une chronique familiale âpre et sans concession et tissent le portrait tourmenté d’un homme que rien n’effraie traumatisé dès l’enfance à l’image d’un Joseph Joanovici.

Lebensborn

Bayard

Mars 2024

Au collège, Isabelle en cours d’Histoire apprend l’existence du programme de sélection raciale du régime nazi : le Lebensborn. Il fut mis en place principalement dans les pays nordiques et notamment en Norvège. La jeune femme prend alors conscience que, sa mère née là-bas en 1945 orpheline et blonde comme les blés est peut-être concernée. En rentrant chez elle, elle affronte un mur. Sa mère n’a jamais voulu parler de ses origines. Il lui faudra des années pour découvrir ses racines et à la veille de devenir maman Isabelle va ouvrir la boîte aux secrets. L’autrice réalise une enquête intime palpitante et émouvante et fait se télescoper la grande histoire avec les projets natalistes fous d’Himmler et les souvenirs familiaux avec un ton souvent léger et toujours rempli d’émotions. Passionnant, fort, bouleversant et plein de chaleur.

The buggle call

Ki-oon

Mars 2024

Luka est un jeune orphelin constamment sur les champs de bataille mais il n’est pas au cœur de la mêlée car il guide les troupes. En effet, il est le clairon d’une troupe de mercenaires. Son père adoptif dirige la bande de sanguinaires. Mais Luka ne rêve que de musique et il a aussi une particularité : une branche lui pousse sur la tête. Lors d’une âpre bataille durant laquelle il est envoyé au charbon, un pouvoir surnaturel lié aux sons se révèle et en guidant sa meute il parvient à la sauver d’une débâcle totale. Mais il est fait prisonnier par l’adversaire et il se réveille dans une tour source de magie aux côtés d’autres « branchus ». Un seinen fort réussi de dark fantasy très original et mené tambour battant ou clairon sonnant qui mêle pouvoirs et combats chevaleresques.

La cuisine des ogres

Rue de Sèvres

Mars 2024

Un soir une bande de traîne-misère se fait kidnapper par une sorte de croque-mitaine. Parmi ces jeunes crève la faim se trouve Blanchette une frêle jeune fille. La troupe est emmenée dans un lointain domaine montagneux appelé la « Dent du chat » où vivent moult ogres boulimiques et nos misérables humains sont là pour être cuisinés aux petits oignons. Blanchette va tout faire pour passer entre les mailles du filet, elle va échapper aux dangers et défier la faucheuse à l’aide du Korrigan Brèche-Dent à tel point que l’on la surnommera « Trois fois morte ». Cet album est à la fois un conte cruel haut en couleurs, une fable gourmande, baroque et rocambolesque et un récit sur la résilience. Andreae signe des planches hallucinantes. Magique, drôle et décapant.





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