Aux soirs de grande ardeur

Lombard

Janvier 2025

Il y a plusieurs milliers d’années, des hommes et des femmes décidèrent de s’affranchir du nomadisme généralisé et se posèrent en un lieu propice aux débuts de l’élevage et de l’agriculture : la cité de Miril. Dans cette micro-cité vit Manakor une servante qui rêve de conquérir son maître Kaal un homme colérique tourmenté par l’esprit d’un aïeul. Elle tente de le séduire grâce à la magie d’un philtre d’amour. Mais au loin des feux se rapprochent et ils augurent de grandes menaces sur la cité. L’auteur de Mégafauna Nicolas Puzenat dessine une histoire de peuple en construction, une histoire de la sédentarité, ainsi qu’une histoire d’amour et de fantasy inclassable. Palpitant.

Em silencio

La boîte à bulles

Janvier 2025

En 1962, le Portugal vit sous le joug du général Salazar depuis trente ans. Ce régime dur et inflexible s’impose grâce à une répression implacable qui réprime toute volonté de liberté. Le frère de Joao -Carlos - va en faire les frais, il est arrêté par les gendarmes et envoyé en Angola pays colonisé par le Portugal et en guerre depuis 1961. Le pays est dans une grande misère et le jour où Joao perd son travail, il décide de trouver une solution par-delà les frontières. Il va rejoindre en France son cousin Manuel qui lui a adressé une lettre depuis Saint-Denis. Il part le cœur lourd d’abandonner son épouse Rosinda et ses deux filles et part pour le grand Salto : la traversée de l’Espagne et des Pyrénées à pied sous la menace de la Guardia Civil espagnole. Un album très émouvant sur la diaspora portugaise et sur une histoire familiale.

Marcie le point de bascule

Dargaud

Janvier 2025

Caroline évolue dans un quotidien tranquille sans chaos ni passion. La cinquantaine la guette et elle sent que son corps la trahit ou du moins qu’il ne l’aide plus à sortir du lot. Elle se sent invisible engluée dans cet âge moyen. Mais elle va perdre son boulot et cette infortune va lui permettre de rebondir. Si elle n’est pas remarquable et remarquée, elle va tout tenter pour se faire embaucher comme détective privée. Son pouvoir d’invisibilité doublé d’un sens aigüe de l’observation et d’une patience infinie sont les qualités qu’elle met en exergue pour se vendre auprès de son futur boss. Cette nouvelle vie démarre avec la réappropriation de son véritable prénom : Marcie. Cet album m’a fait penser à la fois aux vicissitudes existentielles de l’héroïne de « lulu femme nue » de Davodeau et aux épisodes cocasses et décalés de « Maggy Garrisson » de Lewis Trondheim. Marcie est une femme qui prend son destin en main, devient l’enquêtrice et trouve sa place. Cati Baur signe un nouvel album touchant et drôle après l’irrésistible « Pisse-mémé » et l’émouvant « Vent mauvais ».

Immatériel

Cornélius

Décembre 2024

Enfermé dans un appartement sombre, un homme vit face à sa télévision depuis des mois voire des années. Il se fait livrer ses repas et ne voit plus personne. Il vit seul, coupé du monde au milieu des immondices. Et un jour il s’effondre et meurt. Quelques temps plus tard, une équipe de nettoyage vient sur les lieux. Elle est composée d’un trio au sein duquel un jeune arrivant Adel débute dans ce travail. Il ne comprend pas les motivations du défunt alors il s’interroge et se questionne. Il finit par s’identifier à l’ancien occupant, rentre dans les murs et alors les frontières s’effacent. Cette bande dessinée fonctionne comme un efficace thriller sur le phénomène des Hikikomoris : des gens qui se cloîtrent chez eux et coupent définitivement les ponts avec la communauté. Un album sur les rapports sociaux et la transformation en fantôme de certains dans notre société. L’histoire de l’alpiniste est fortement signifiante. Un album envoûtant, fantomatique, obsédant qui nous questionne sur l’existence.

Le Cas David Zimmerman

Sarbacane

Novembre 2024

David est un photographe qui galère un peu. A la trentaine bien tassée il bosse sur les mariages principalement. Son ami Harry d’un tempérament plus joyeux tente de lui rendre la vie plus folle et l’embarque dans une fête de fin d’année débridée. Ce soir-là, son regard est attirée par une gracile silhouette féminine au cœur de la foule des convives. Il ne peut s’empêcher de la suivre. S’ensuit une étreinte silencieuse. Le lendemain au réveil, David comprend qu’il vient de changer de corps avec la belle inconnue. Lucas Harari signe un thriller assez fascinant qui baigne dans une atmosphère interlope. Il narre avec brio et suspense l’enquête menée par David pour retrouver son corps d’homme. Le dessinateur de L’aimant s’associe à son frère – scénariste du film « Anatomie d’une chute » - pour signer un thriller urbain subtil très intrigant.

Simon et Lucie

Novembre 2024

Une nuit d’été caniculaire, dans une belle demeure parisienne, Lucie, une jeune femme de 14 ans se parle. Elle sillonne toutes les pièces de cette masure et s’interroge sur sa vie. Elle pense à son amoureux qui habite juste en face : Simon. Elle l’invoque presque l’appelle à l’aide. La mère de Lucie noie son désespoir dans l’alcool depuis la mort de son mari cascadeur de métier. Et ce soir Lucie la croit morte, inerte devant la télé. Simon débarque alors et leur histoire s’enflamme. Kokor signe une furieuse et incandescente histoire d’amour. La passion qui dévore nos deux jeunes héros les aide à fuir le monde, ils se blottissent dans leurs bras pour s’extraire, vivre en marge. Nous perdons pied comme eux avec la réalité. On confond le rêve et la vraie vie. Les époques de cet amour s’entremêlent. Le narrateur change aussi et Simon prend la suite. Tout commence dans le tumulte amoureux et on se demande comment tout va se terminer. Emouvant, fougueux et fou.

Le voleur d'amour

Glénat

Novembre 2024

Le Voleur d’amour Glénat Adrian vit dans un luxueux appartement de Manhattan. Sa demeure est pleine d’antiquités et de souvenirs. Il semble hanté par le passé et semble aussi avoir perdu le goût de la vie. Ce n’est pas exactement cela, il vient « à nouveau » de goûter au véritable amour et il songe à se suicider pour le préserver. En fait Adrian est une abomination, il possède un don unique : il se nourrit de l’amour qu’il vole. Depuis des décennies, il s’abreuve de ses conquêtes mais à New-York tout bascule, il vient de croiser la route d’une jeune danseuse qui lui rappelle son unique amour. Le temps n’est-il pas venu d’arrêter de semer le chaos pour construire autre chose ? Corboz dessine une fresque romantique vénéneuse et chatoyante.

Alyte

2024

Novembre 2024

Un crapaud chargé d’œufs traverse une route. Il est tendu et conscient du risque. Mais l’inéluctable se passe et une voiture au passage l’écrase. Il parvient pourtant à porter sa progéniture dans un étang tout proche. Un seul têtard en réchappe : Alyte. Il est en route pour la vie, il va survivre et grandir grâce aux autres animaux qu’il va croiser qui vont lui apprendre le monde, ses dangers, sa violence et ses beautés. Il va naviguer sur les flancs d’un saumon, voler sur la tête d’un aigle, être adopté par un hibou avant d’entrer en conversation avec Axon un vieil arbre. Jérémie Moreau dessine une fable écologiste touchante sur le vivant et ses interconnexions. En lisant ses chatoyantes cases nous découvrons la fragilité du cycle de la nature à travers des récits de drames animaliers quotidiens et nous prenons conscience de l’impact de l’homme sur la faune et la flore. Un plaidoyer convaincant, subtil et doux.

Les Globe-trotteuses

Dargaud

Novembre 2024

Globe-trotteuses : New York 1889. L’intrépide journaliste Nellie Bly, avide de nouveaux défis, décide de se lancer dans un tour du monde pour battre le record imaginaire de Jules Verne du tour du monde en 80 jours. Soutenue par le New York world, elle ne s’attend à devoir faire face à la concurrence d’Elisabeth Bisland qui se lance dans la même aventure pour le compte d’un journal rival. Une irrésistible course contre la montre s’engage entre les deux femmes qui vont devoir faire face à de multiples péripéties et au sexisme généralisé. Un régal !

L’Intranquille Monsieur Pessoa

Dargaud

Novembre 2024

Lisbonne 1935, Salazar impose son despotisme dans un Portugal meurtri par la dictature. C’est là que nous retrouvons un personnage singulier, le génial et insaisissable écrivain Fernando Pessoa, qui livre son dernier chapitre. Une évocation fine et lumineuse de la vie du fameux écrivain aux multiples signatures. Un petit bijou signé Barral (Sur un air de Fado).